28 Mai Comment rendre ses cavaliers autonomes ?
Si vous avez déjà été au contact de jeunes – au sens nouveaux – propriétaires, ou de demi-pensionnaires, vous avez peut-être déjà entendu que « en club on ne m‘avait jamais expliqué ça ! ». Et pourtant, la pratique en club est souvent le point de départ de nos vies de cavalier(e)s. Alors comment rendre tous nos cavaliers plus autonomes et les préparer au mieux, en tant qu’hommes et femmes de cheval ?
Apporter des connaissances physiologiques du cheval
Rappeler et expliquer à quoi sert la détente…
La première partie d’une séance montée, gérée par l’enseignant, c’est la détente. Ça peut vous paraître anecdotique, et pourtant elle est primordiale pour un bon fonctionnement physique et mental du cheval. Surtout, elle doit s’adapter à chaque cheval, et savoir quoi faire ou quels principes respecter pendant la détente n’a rien d’évident.
Il est important de rappeler aux élèves qu’une détente est avant tout un échauffement musculaire et articulaire. Elle sert au cheval (et au cavalier !) à passer de l’état de repos à l’état d’effort. Comme un sportif, pour éviter tout risque de blessure, il faut être progressif. Pour les cavaliers qui ont l’âge de le comprendre, il est temps de parler du système cardiovasculaire, de la fréquence respiratoire, de l’irrigation des muscles, etc. Plus le cavalier comprend en quoi c’est important, plus il s’en rappellera une fois seul !
Prenez le temps d’attirer l’attention sur la construction de la détente (marcher longtemps au pas, quel type d’allures et d’exercices privilégier, quel équilibre, accorder des pauses…) c’est donner les clés pour rendre son cheval disponible physiquement, mais aussi mentalement. Si le cavalier ne prend pas ce temps, il y a de fortes chances que le cheval ne soit pas tout de suite « disponible » pour la suite de la séance. Et ça, c’est facile à faire comprendre à nos cavaliers 😉
Même avec les plus jeunes, favorisez la prise d’autonomie avec des détentes individuelles, si besoin en les guidant. Par exemple, pour un cours qui connait déjà les figures de manège (préparation galop 1), annoncez-leur qu’en autonomie « tout seul, sans suivre le poney devant vous » , ils ont 3 ou 5 min pour faire le plus de doublers et de cercles possibles. Si ça peut sembler un peu désordonné au début, pas de panique, vous êtes là pour les guider. Un bon moyen d’apprendre à travailler avec les autres puisqu’ils vont devoir se regarder et anticiper.
… et la récupération
De la même façon, la récupération permet à l’organisme d’éliminer les toxines générées par l’effort. L’occasion de parler récupération active, passive, voir même d’aborder le problème des coups de sang. Encore une fois, tout est question d’adaptation : à la monture, au type de travail qui a été effectué et au type d’effort fourni. Mais un cavalier informé, c’est un cavalier qui sera attentif !
Apprendre à construire une séance et utiliser sa « boite à outils »
Des connaissances techniques, mais pas que
Quand il monte en cours régulièrement, le cavalier n’a pas à penser à ce qu’il va faire de sa séance. Il n’a donc ni à préparer, ni à construire. Et la plupart du temps l’intégralité de la séance se concentre sur l’acquisition de nouvelles compétences techniques, de nouveaux apprentissages ou du perfectionnement. L’enseignant donne des outils pour la bonne réalisation des exercices, des solutions face aux problèmes rencontrés. Si on veut que nos élèves soient capables de ré-utiliser ces outils, deux choses semblent importantes :
- Qu’ils comprennent pourquoi ils le font. Un cavalier qui appliquera sans savoir à quoi sert son exercice, risquera d’abord de ne pas vraiment l’intégrer, ensuite de ne pas l’associer avec un objectif en particulier.
- Qu’ils apprennent surtout à le faire en fonction du besoin de leur cheval.
Pour les plus jeunes, vous pouvez très facilement lier les exercices abordés pendant les cours (ex : apprentissage des figures de manège) avec la détente de la séance suivante.
Développer sa capacité d’analyse
Ce deuxième point soulève une problématique : l’attention portée à leur cheval en particulier, et surtout leur compréhension. On vous propose pour ça un exercice intéressant à faire à partir du galop 3 :
- Commencez la détente en restant assez en retrait et observateur.
- Rassemblez tous les cavaliers pour « faire un point » : leur demander quels ont été les points positifs (un cheval attentif, « devant les jambes », etc) et les points à améliorer (difficulté à incurver, stabilité, etc).
- Demandez-leur en fonction de la détente, vers quel type de séance ils aimeraient aller. Soit pour profiter d’une disposition particulière du cheval (« aujourd’hui il est super en avant, je vais en profiter pour travailler mes contrats de foulées ! ») soit travailler un point à améliorer (« j’ai senti que les transitions descendantes étaient compliquées, je vais essayer de les améliorer »). En somme, se fixer un objectif.
Votre rôle est primordial à ce moment. D’abord, pour guider ceux qui auraient un peu de mal à trouver des réponses, les amener à prendre du recul sur leur première partie de séance. Ensuite, pour les aider à construire. Les aider à décomposer leur besoin, et leur rappeler que tous les exercices qu’ils connaissent déjà (à priori) peuvent permettre d’arriver à l’objectif qu’ils se sont fixés.
Cet exercice favorise la prise d’autonomie, la confiance en eux, et les sensibilise à leur rôle de partenaire de leur monture.
Rendre les cavaliers autonomes : à pied aussi ?
Etre auprès des chevaux, ce n’est pas uniquement monter dessus, tout le monde s’accordera à le dire. Et ça tombe bien parce que le travail à pied et la longe font partie du programme des galops…
Le travail à pied
Il est assez facile d’intégrer du travail à pied en début de séance. Outre les exigences demandées pour le passage des galops, l’enseignant peut facilement lier des exercices à pied avec le quotidien des cavaliers. Par exemple, un poney qui se laisse difficilement mener du box, du paddock ou de l’aire de pansage jusqu’à la carrière. Ou un cheval qui coincerait son cavalier contre le mur avec ses fesses, etc. On ne le répétera jamais assez : il est primordial pour le cavalier d’avoir des explications pour comprendre l’intérêt d’un exercice, et s’intéresser à ce qu’on lui propose !
La longe
On la trouve à partir du galop 5 sur le plan fédéral. Ce n’est pas toujours facile d’organiser des cours de longe en club, on le conçoit. Pour un groupe assez nombreux, le plus pratique est de ne prendre que deux ou trois chevaux, et mettre les élèves en attente en position d’observateur : quoi de mieux que la longe pour commencer à parler locomotion ?
Outre l’apprentissage technique en lui-même, parler de la longe c’est aussi aborder les sujets comme la reprise du travail du cheval suite à une convalescence, ou du travail du jeune cheval. Qui dit jeune cheval dit aussi… les principes d’apprentissages chez le cheval ! Des connaissances qui formeront et serviront vos cavaliers dans le futur, quelque soit les disciplines ou la pratique qu’ils choisiront de suivre.
Les longues rênes
Quel dommage que de devoir attendre d’avoir son propre cheval pour en pratiquer… Et ça tombe bien, c’est au programme du galop 7 ! Les longues rênes sont un outil formidable pour travailler le cheval autrement. Ludique, la pratique des longues rênes permet d’aborder le cheval sous une autre facette, et de faire le lien avec le travail monté. C’est aussi un bon moyen de développer son sens de l’observation.
Rendre les cavaliers plus autonomes sur les soins
Toujours en prenant l’exemple de l’enseignement en club, il peut être compliqué de consacrer une partie de l’heure de cours aux soins. Pourtant, si on en montre l’intérêt aux élèves, ils n’auront surement aucun souci à « sacrifier » quelques minutes pour apprendre des choses qui leur serviront en se projetant propriétaire, ou tout simplement pour se sentir utile (détection de problèmes chez le cheval, aide aux soins, etc). Rappelez-vous que beaucoup ont soif d’apprendre et de découvrir de nouvelles choses 😉
Chez Horseasy, on aime à penser qu’on donne à nos cavaliers des outils, pour qu’ils se forgent une « boite à outils » et qu’ils puissent piocher dedans en fonction de leur besoin.