Luca Moneta : une pédagogie à part dans le monde de l'équitation - Horseasy
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Luca Moneta : une pédagogie à part dans le monde de l’équitation

En octobre 2019, le Haras de la Cense a organisé une Masterclass avec Luca Moneta, cavalier de CSO à haut niveau et formé en équitation éthologique. J’ai eu la chance d’être sélectionnée avec ma jument pour faire partie des 8 couples coachés par Luca pendant 2 jours, et Anaïs a assisté à la Masterclass en tant qu’auditrice libre.

Le stage se déroulait sur deux jours. La première journée était consacrée à un travail individuel dans un rond de longe installé dans le manège. Ce travail s’est fait à pied sur chevaux sellés puis monté. Le deuxième jour, nous avons été répartis en plusieurs groupes pour travailler à cheval, à l’obstacle, jusqu’à enchainer un petit parcours.

Un week-end très riche d’enseignements, qui nous a marquées tant comme cavalières que comme enseignantes. Voici les 4 piliers de l’approche de Luca Moneta que nous avons retenus.

 

Connexion & réactivité : travail sur les énergies

Dans un premier temps, Luca a demandé aux cavaliers de capter l’attention de leur cheval, afin que celui-ci soit plus connecté à eux qu’à son environnement extérieur. Pour cela, il faut obtenir la réactivité et l’écoute de son cheval. Luca utilise l’image des bulles d’énergie qui se déplacent : celle du cavalier, si elle bouge, doit pousser celle du cheval, qui se met donc en mouvement. En allant d’un point A à un point B, les cavaliers devaient mettre de l’intention dans leur corps, mais sans émotion, pour parvenir à faire bouger leur cheval.

L’étape suivante consistait à demander des changements d’allures, toujours avec cette image de bulles et d’intention corporelle. Or, il fallait arriver à faire peu pour obtenir beaucoup. Dans mon cas, c’est sans surprise ce qui a été le plus difficile avec U2, qui n’a pas une énergie débordante même en terrain inconnu devant 80 personnes… Chose étonnante au premier abord, Luca se munit d’une grande longe qu’il n’hésite pas à envoyer vers les postérieurs lorsque son énergie n’a pas suffi à faire accélérer le cheval. J’ai donc pu expérimenter cela et constater que ça m’aidait à faire comprendre mes intentions à ma jument. Autre suggestion de Luca pour les chevaux froids : toucher d’autres zones, tourner la ficelle du stick dans l’autre sens, essayer de le surprendre pour qu’il reste attentif à nous.

Les changements de direction étaient aussi importants, et Luca n’a pas hésité à faire alterner les deux assez rapidement pour gagner en réactivité et connexion. L’idée était de toujours faire tourner le cheval vers la barrière pour qu’il reporte du poids vers l’arrière.

Travail à pied : connexion & réactivité – Source : Anima Equi

 

Ces exercices ont été repris le lendemain lors du travail en groupe en manège. En guise de détente, Luca nous a fait beaucoup alterner les demi-tours vers la barrière ou avec les hanches.

Tous ces exercices avaient pour objectif un meilleur contrôle des pieds et une meilleure écoute. Dans les cas où les chevaux étaient stressés et dans la fuite, Luca a conseillé de beaucoup les occuper pour les inciter à réfléchir et les concentrer sur nous. Une fois que le cheval se détendait, il donnait alors de longues pauses. On a pu constater un changement dans les énergies des chevaux, et ces exercices ont servi lors des exercices en liberté à l’obstacle, mais aussi le lendemain dans le travail monté.

 

Une autre conception de l’équilibre du cavalier

Osons le dire, la conception de l’équilibre selon Luca remet pas mal de choses en question. Si vous regardez ses parcours, vous constaterez qu’il monte des petits chevaux, toujours en équilibre, avec les épaules légèrement vers l’avant et pourtant sans ne jamais gêner le cheval.

C’est là tout un pilier de son approche : les cavaliers devraient apprendre à trouver leur équilibre en suspension au-dessus de leurs pieds avant d’apprendre à s’asseoir. Il nous a donc fait travailler sur l’équilibre dès le premier jour dans le rond de longe. Certains cavaliers ont même évolué en liberté (pas de filet), laissant le contrôle de l’allure et de la direction à Luca qui était à pied, pour se concentrer sur leur équilibre.

Luca cherche à aider le cavalier à trouver son équilibre en provoquant un déséquilibre par l’avant. Certains cavaliers étaient trop contre le mouvement, d’autres pas assez. Il nous a donc poussés à remettre notre centre de gravité au-dessus de nos pieds, puis à aller AVEC le cheval en poussant nos mains sur l’encolure. Dans les demi-tours et transitions, l’objectif pour nous étaient de rester proches du garrot et d’aller vers le tournant et non contre. Cela a permis à tous les cavaliers de mieux suivre les chevaux (notamment dans les demi-tours mais aussi dans les transitions) sans tomber en avant.

Travail sur l’équilibre – Source : Anima Equi

 

Ainsi, lorsqu’il a enlevé le filet de certains chevaux et fait sauté les couples, les mouvements des cavaliers étaient beaucoup plus cohérents avec ceux des chevaux. Luca a également fait un focus sur le fonctionnement du cavalier sur le saut.

Cette approche est atypique, mais elle fait ses preuves. D’ailleurs, la fin de la première journée a été marquée par la séance proposée par Luca à un auditeur, non cavalier. Celui-ci n’avait jamais fait de trot ni de galop. En 10 minutes, Luca est parvenu à lui faire trouver son équilibre à cheval et le faire évoluer au trot et au galop sereinement. Le cavalier était en équilibre au-dessus de ses pieds, mains contre l’encolure, sans déséquilibre avant ou arrière.

 

Autonomiser son cheval à l’obstacle

L’un des autres piliers utilisés par Luca est l’autonomisation du cheval à l’obstacle. Qu’il s’agisse du travail individuel dans le rond de longe ou les enchainements dans le manège le lendemain, Luca a mis a un point d’honneur à expliquer pourquoi et comment rendre le cheval autonome sur ses sauts. L’idée ici est de laisser faire le cheval sans chercher à agir. Le cavalier en équilibre devait se contenter d’imprimer le rythme du galop puis attendre que son cheval saute.

En cas d’accélération, le cavalier fait faire un demi-tour contre la barrière à son cheval, puis lui propose de revenir calmement. Le cheval doit être auto-porteur et le cavalier ne doit pas monter sa distance mais son galop uniquement.

Pour Luca, lorsque le cheval refuse, il faut le prendre comme une opportunité ! C’est un moyen d’apprendre quelque chose au cheval et qu’il prenne la décision de sauter de lui-même. Dans ce cas-là, le cavalier faisait tourner son cheval, repartir de manière active puis le refaisait tourner et revenait sauter. L’objectif était de remettre de l’énergie en revenant, mais supprimer toute pression à l’abord de l’obstacle. Et il faut dire que cela a fonctionné !

Autonomiser le cheval à l’obstacle – Source : Anima Equi

 

Dans le cas où le cheval fait une barre dans un enchainement, Luca propose de refaire uniquement l’obstacle en question puis accorder une pause, avant de refaire l’enchainement.

En toute logique, ce travail venait dans un deuxième temps car il était indispensable que les cavaliers aient trouvé leur équilibre avant. On ne peut prétendre laisser faire le cheval sans être sûr de ne pas le gêner. Certains cavaliers étaient en déséquilibre avant ou arrière, tiraient ou poussaient (voire les 2 !) et les exercices sur l’équilibre ont participé à changer l’attitude du cheval de façon marquante.

 

Un enseignement bienveillant et positif

Ce qui nous a marquées avant tout dans la pédagogie de Luca, c’est son positivisme. Que ce soit dans son approche des chevaux ou des cavaliers, il ne se braque jamais sur une idée, ni même sur une erreur. Il l’accepte, puis propose autre chose pour faire mieux.

L’équitation ne doit pas amener du stress ou des tensions, ni pour le cheval ni pour le cavalier. Les erreurs sont des opportunités d’apprendre et il faut rester dans une émotion neutre pour y parvenir. Cela demande un certain travail, mais avec Luca cela parait facile !

 

« Pour faire du gris, il faut d’abord faire dans le noir et dans le blanc »

 

Luca n’hésite pas à encourager les cavaliers. « C’était très bien ce que tu as fait ! Tu es une très bonne cavalière ! Maintenant, peux-tu revenir en faisant ça comme ça ? ». Je ne pense pas avoir besoin de vous faire un dessin pour que vous saisissiez que cela donne bien plus envie qu’un enseignant qui crie à longueur de séance, ou nous dit que l’on fait n’importe quoi, ou même juste bof.

En outre, la simplicité des explications de Luca était étonnante. Pour un cavalier de ce niveau technique, qui pourrait avoir envie de corriger plein de choses sur des cavaliers comme nous, il n’a jamais été brouillon ou manqué de clarté. Les demandes étaient simples, claires, efficaces. Une vraie leçon de pédagogie !

 

Luca Moneta, un personnage positif !

 

Si cet article vous a plu, on vous conseille vivement de visionner la vidéo faite par Mathilde, de la chaine Anima Equi, retraçant les deux jours de stage. Vous pourrez visionner les différents exercices et comprendre l’approche de Luca en images. (Ne loupez pas le passage où il fait monter un non équitant pour la première fois). Je n’avais pas visionné la vidéo avant d’écrire cet article, mais vous verrez que Mathilde en a retenu sensiblement les mêmes choses que nous !