Comment développer le ressenti des cavaliers - Horseasy
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Comment développer le ressenti des cavaliers

Si les fondamentaux autour desquels on articule principalement les séances (les fameux s’équilibrer, diriger et avancer) sont d’ordre technique, les aspects affectifs, émotionnels et relationnels, ainsi que cognitifs, sont souvent relayés au second plan. Ils apparaissent pourtant bien dans le plan de formation du cavalier de la FFE. L’aspect cognitif est notamment traduit par « percevoir, analyser, interpréter », « prendre en compte son ressenti et le comportement du cheval ».

Dans la pratique, leur importance est prépondérante : l’enseignant forme le physique du cavalier, et son mental ! Deux notions intimement liées à l’être avec lequel on pratique l’équitation, qui par définition, est un être vivant pourvu de ses propres particularités (physiques et mentales) et de sa propre sensibilité.

A chaque cavalier ses préférences motrices, sa physionomie, sa méthode d’apprentissage de prédilection. C’est vrai aussi pour le cheval. Et c’est à l’enseignant de guider le cavalier avec l’état d’esprit qui lui permettra de pratiquer l’équitation dans le respect de la nature du cheval. Respecter son intégrité physique et mentale, replacer le cheval en tant que tel au coeur de la pratique, en faire un partenaire… tout un programme. Qui nécessite d’être à l’écoute du cheval.

Développer le ressenti en apprenant à observer…

Le cheval, seul ou monté :

L’anatomie et la biomécanique sont des sujets passionnants. Si des notions sont abordées dans le programme théorique des galops, ils demandent surtout beaucoup de temps d’observation. Observer le cheval en liberté et au naturel, comment bouge-t-il ? Immobile, quelle est sa conformation ? Dans le travail monté, observe-t-on des différences dans sa locomotion ? Encore faut-il savoir quoi regarder : observer, ça s’apprend (et ça prend du temps !). 

Le rôle de l’enseignant est d’aiguiller le cavalier dans ses observations, et ça dès le plus jeune âge : prenez le temps de faire observer à vos cavaliers un cheval en liberté, notez leur observations, aidez-les à aiguiser leur regard. Vous abordez le mécanisme des allures ? Rassemblez vos cavaliers au centre du manège, laissez un cavalier partir sur la piste et détaillez/analysez tous ensemble.

Montrez l’exemple ! Montez à cheval pour qu’ils se représentent l’exercice, et donnez-leur des indices sur quoi regarder.

L’IFCE propose deux articles à ce sujet réalisé par Bernard Maurel ainsi qu’une webconférence : Apprendre à regarder le cheval au travailla webconférence & Observables de l’échelle de progression

Soi même

S’observer « de l’intérieur » passe souvent par des prises de conscience, faut-il encore prendre le temps de le faire. Avant toute chose, sans le cheval !

  •  D’abord dans la vie quotidienne (dans sa voiture, sur sa chaise de bureau…), la posture que l’on adopte aura forcément une incidence sur celle que l’on aura à cheval. La première étape est de prendre conscience (sans jugement) de la façon dont on se tient, des contractures que l’on peut avoir, de la symétrie de notre corps.
  • A travers l’analyse vidéo : se représenter dans l’exercice peut passer par la vidéo ! Entre les impressions du cavalier et la « réalité », il y a souvent un gap. La vidéo est un outil qui permet de se rendre compte de beaucoup de choses dans la position et le fonctionnement, une façon de se mettre à la place de l’observateur.
  • A l’aide d’exercice tel que le « body scan » : prendre conscience des infos que le corps nous envoie. L’objectif est d’être à l’écoute de ses sensations, avec bienveillance. Du haut du crâne jusqu’aux orteils, prenez le temps « d’observer » chaque partie de votre corps, prendre conscience des crispations, des sensations… Juste, recevoir l’information.

Analyse vidéo : un autre point de vue

Développer le ressenti en apprenant à sentir

Les sensations sont propres à chaque individu. « Des récepteurs localisés dans les muscles, les tendons et les articulations informent le cerveau de la position de notre corps dans l’espace, lors de chaque mouvement. Ils détectent les changements de position du corps et assurent le maintien de l’équilibre. » (source FFE). Etre attentif à ses propres sensations demande parfois un peu d’entrainement. Les sportifs de haut niveau sont particulièrement attentifs à développer leur proprioception et pour cause : la proprioception est la perception, consciente ou non, de la position des différentes parties de notre corps dans l’espace. Elle est très liée à la notion d’équilibre et celle de la posture dynamique. Propre à chacun, la développer permet de développer ses sensations, dans le but de faire corps avec son cheval.

A pied

  • En mimant les exercices à pied : pas toujours évident de mettre les cavaliers à pied au dépend du temps passé à cheval. C’est pourtant du temps gagné pour la suite et moins de contractures subies par le cheval ! Essayez, vous verrez qu’il y a déjà beaucoup de choses à corriger dans la façon dont les cavaliers se représentent dans l’espace sur un exercice donné.
  • Allongé, assis, debout ou sur un ballon : le travail de la posture et l’équilibre peut déjà démarrer au sol, sur une chaise ou sur un ballon de gym. La méthode Alexander, développée en France par Véronique Bartin, propose un tas d’exercices au sol, assis ou debout et en dynamique sur un ballon  à voir ici ou là. Le livre de Véronique « Le cavalier idéal » (éditions Belin) est aussi une mine d’information 😉

 

A travers la privation sensorielle

Les sensations sont par définition intimement liées à nos sens. Se priver de l’un d’entre eux, c’est demander à notre cerveau de prendre les informations dont il a besoin à travers les autres sens.

A cheval, le sens qui nous envoie beaucoup d’informations est la vue. S’en priver permet par exemple de développer la proprioception, en prenant les informations dans les muscles, dans l’équilibre, et dans ce que le cheval nous envoie !

Se priver de ses outils habituels demande également au cerveau de trouver d’autres ressources. Par exemple, monter à cru va mettre le cavalier en déséquilibre, lui offrir un panel de nouvelles sensations, et nécessite de faire travailler l’assiette. Monter en licol ou même en cordelette, empêche d’une équitation « d’extrémité » et demande au cavalier de communiquer avec le cheval à travers son corps. Il développe alors une équitation plus centrée. Ce genre d’expérience n’est pas si compliqué à mettre en place 😉

Retrouvez nos fiches pratiques à ce sujet : 

Prendre le temps :

Durant les séances, il est important d’interroger le cavalier sur ce qu’il sent ou d’avoir un retour de sa part. Ca peut être à travers un temps d’échange, ou un exercice à part entière. Par exemple, demander au cavalier de dire « tac » à chaque poser du postérieur droit : il est obligé de se concentrer sur CETTE sensation en particulier et d’y prêter attention.

Développer ses sensations

Développer le ressenti en comprenant

Dualité technique & sensation 

Une fois observées et ressenties, les notions doivent être surtout comprises. Il est important d’associer les sensations à des connaissances. Mieux comprendre le fonctionnement du cheval c’est mieux adapter son équitation et le travailler dans le respect de son intégrité. C’est aussi donner à un sens à ce que l’on fait. D’où l’importance de la théorie (distillée par l’enseignant séances après séances, le « pourquoi »), d’avoir de bonnes références, et de la curiosité ! C’est aussi (un peu) le rôle de l’enseignant que d’éveiller l’intérêt chez ses élèves, et les chevaux vous en seront reconnaissants.

A propos d’anatomie et de biomécanique vous conseillons notamment (liste non exhaustive) :

  • les livres de Higgins Gillian « la locomotion du cheval » « anatomie et performance » « posture et performance »
  • des articles tel que allege idéal
  • le site equipedia.ifce.fr (pas moins de 243 résultats pour la recherche  « biomécanique »)

 

Utiliser des images

Certaines notions ne sont pas toujours évidentes à assimiler. En interrogeant un cavalier sur ce qu’est l’équilibre par exemple, on se rend compte que l’idée qu’il en a n’est pas toujours celle que l’enseignant a voulu transmettre. Utiliser des images dans son enseignement, au sens littéral comme figuré, c’est donner des outils concrets. On trouve beaucoup d’illustrations dans les livres et de plus en plus sur les réseaux comme les illustrations très parlantes de Sandy Rabinowitz à voir sur facebook ici  ou Cheval ta Race.

Illustration de Sandy Rabinowitz

Quand aux images figurées, il ne faut pas hésiter à utiliser des situations ou des objets du quotidien (l’image de quelqu’un qui court dans une descente, se laisse entrainer et doit se stopper, l’image d’un plateau en équilibre etc).

 

L’idée avant tout, c’est de former des cavaliers qui soient aptes à recevoir et percevoir des informations de la part de leur cheval afin d’adapter leur travail et le personnaliser en fonction de chaque cheval. Si cela demande une bonne compréhension de la nature et du mental du cheval, ça passe aussi par une bonne compréhension de son physique, ainsi qu’une grande sensibilité qui permettra d’être à l’écoute de son cheval.